#POGD 68 Ne t'oublie pas

Une poésie par semaine dans ta boite mail

Le souvenir est une illusion qui corrompt l’avenir. Le passé est un regret qui vous arrête d’un coup, à la façon de la lanière du sac prit dans la poignée de porte. Nous n’avons pas été heureux. Notre cerveau, majordome impeccable, nous sert fumant, à chaque repas, les restes du passé.

Mes imprécations vous paraissent dures en ce dimanche ? Pensez plutôt à la difficulté salutaire d’inventer une nouvelle vie. Regardez, conjoints, enfants, amies, d’un œil neuf. Ne les quittez pas, aimez les à nouveau.

La tendresse est une brioche. Il est quatre heures, l’heure du goûter bientôt. Avant, arrachez - vous de la vie avec le couteau de la difficulté. Naissez chaque jour, chaque matin en criant.

Le printemps est là, nouvelle saison où décider de choisir de cheminer libre entre les rayons du soleil et les charbons ardents.


*****

« Jadis, si je me souviens bien, ma vie était un festin où s’ouvraient tous les cœurs, où tous les vins coulaient.

Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux. – Et je l’ai trouvée amère. – Et je l’ai injuriée.

Je me suis armé contre la justice.

Je me suis enfui. Ô sorcières, ô misère, ô haine, c’est à vous que mon trésor a été confié !

Je parvins à faire s’évanouir dans mon esprit toute l’espérance humaine. Sur toute joie pour l’étrangler j’ai fait le bond sourd de la bête féroce.

J’ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J’ai appelé les fléaux, pour m’étouffer avec le sable, avec le sang. Le malheur a été mon Dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l’air du crime. Et j’ai joué de bons tours à la folie.

Et le printemps m’a apporté l’affreux rire de l’idiot.

Or, tout dernièrement, m’étant trouvé sur le point de faire le dernier couac ! j’ai songé à rechercher la clef du festin ancien, où je reprendrais peut-être appétit.

La charité est cette clef. – Cette inspiration prouve que j’ai rêvé !

« Tu resteras hyène, etc. » se récrie le démon qui me couronna de si aimables pavots. « Gagne la mort avec tous tes appétits, et ton égoïsme et tous les péchés capitaux. »

Ah ! j’en ai trop pris : – Mais, cher Satan, je vous en conjure, une prunelle moins irritée ! et en attendant les quelques petites lâchetés en retard, vous qui aimez dans l’écrivain l’absence des facultés descriptives ou instructives, je vous détache des quelques hideux feuillets de mon carnet de damné.

Arthur Rimbaud, Une saison en enfer, Poésie /Gallimard

Anecdotes & Broutilles

L’anecdote te permet d’aller plus loin, mais pas plus que les pieds du poète qui chausse du 41.

  • Arthur Rimbaud (1854 - 1891) envoie des poèmes à Victor Hugo qui lui répond : « Je vous aime ». Rimbaud lui répond d’un laconique « Voyager, essayer de m’oublier. » (Il est où le respect ?)

  • Après la mort poète alors que son corps est encore chaud, sa sœur Isabelle Rimbaud découvre dans la presse que son frère possède une petite notoriété dans les milieux littéraires. Elle se sert du prétexte pour demander à Stéphane Mallarmé d’être témoin à son mariage. (faire d’un vers deux coups)

  • Avant de me quitter, laissez-moi un message sur mon répondeur où en répondant à cet email. Dites-moi ce que vous aimeriez lire dans les prochaines semaines ou mois.

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