#POGD 16 Qui père gagne

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L'autre jour ma fille est revenue de l'école furieuse à cause des métamorphoses d'Ovide. Elle a eu des mots très durs pour le poète. D'aucuns me prédisent qu'elle en aura bientôt pour son père, l'adolescence vous comprenez. Personnellement, je ne comprends pas et je n'ai jamais compris. Ni les prédictions lues dans les entrailles d'un poulet bio ni les augures arrachés aux entrailles d'un lapin de clichés de Garenne.

Je suis son père. Je vois venir. Point. Si j'ai bien une ambition : la voir voler de ses propres ailes. Sans même être bien sûr de ce que j'entends par là. Après tout — après toutes ces années — qu'attendons-nous de la vie pour nous même ? Une question à aborder sans sentimentalisme, mais avec la raison froide de l'âge. À chacun d'entre nous d'y répondre pour soi, il me semble. Au moins avant d'en imposer la solution aux autres (conjoint, enfants, animaux de compagnie, etc..).

Dédale s'est-il d'ailleurs posé la question quand il a assassiné son neveu Thalos par jalousie ? Ou même lorsqu'il a laissé son fils Icare voler de ses propres ailes. Si l'on ignore la réponse pour le père, on la connait pour le fils. Icare a donné le plus beau sens qui soit à sa vie, enfin selon le poète. Ça se discute, mais la question reste : peut-on gagner sa vie à la perdre ?


Icare est chu ici, le jeune audacieux

Icare est chu ici, le jeune audacieux,
Qui pour voler au Ciel eut assez de courage :
Ici tomba son corps degarni de plumage,
Laissant tous braves coeurs de sa chute envieux.

Ô bienheureux travail d'un esprit glorieux,
Qui tire un si grand gain d'un si petit dommage !
Ô bienheureux malheur, plein de tant d'avantage
Qu'il rende le vaincu des ans victorieux !

Un chemin si nouveau n'étonna sa jeunesse,
Le pouvoir lui faillit, mais non la hardiesse ;
Il eut, pour le brûler, des astres le plus beau.

Il mourut poursuivant une haute aventure,
Le ciel fut son désir, la mer sa sépulture :
Est-il plus beau dessein, ou plus riche tombeau ?

Philippe Desportes in Les Amours d’Hippolyte

Anecdotes & Broutilles

L’anecdote te permet d’aller plus loin, mais pas plus que les pieds du poète qui chausse du 41.

  • Philippe Desportes (1546 - 1606) gagne sa vie en chantant les amours des autres. Notamment celui que porte Henri III aux jeunes garçons. Lorsque le roi tourne dévot, le poète ne trahit pas son client. Il pivote et se met à écrire desdes poésies religieuses. (start up poème nation)

  • Philippe meurt avec le qualificatif enviable de plus riche écrivain de son temps. Ses derniers mots : "J'ai trente mille livres de rentes, et je meurs " (rime très très pauvre)

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