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Parfois, nous prend l’envie d’une douceur pour nous consoler. De quoi ? De la vie, de notre vie qui semble nous appartenir si peu. Dans ces moments de dépouillements, nous nous retrouvons nus et fragiles. Un rêve né de la solitude peut alors apparaître. Un besoin dans la clarté du dénuement se dessine.
Ici, c’est un dessin en vers, pour d’autres ce sera une image. Comme parfois avec la poésie, il faut se méfier. Elle chante comme une sirène, nous apportant le réconfort et le doux bercement du fantasme.
Il s’agit alors de secouer la tête doucement pour se réveiller. Garder le rêve en soi pour l’importer dans la réalité. Nos rêves sont des montagnes qui accrochent les nuages.
(ps : j’ai joué à saute-mouton avec la non-parution du poème de la semaine dernière, veillez m’excuser pour ce désagrément du à un retard de quatrain.)
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
Et qui n'est, chaque fois, ni tout à fait la même
Ni tout à fait une autre, et m'aime et me comprend.
Car elle me comprend, et mon coeur, transparent
Pour elle seule, hélas ! cesse d'être un problème
Pour elle seule, et les moiteurs de mon front blême,
Elle seule les sait rafraîchir, en pleurant.
Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore.
Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
Paul Verlaine, Poèmes Saturniens, éditions Jean de Bonnot
L’anecdote te permet d’aller plus loin, mais pas plus que les pieds du poète qui chausse du 41.
Quand on demanda à la fin de sa vie à Paul Verlaine (1844, 1896) pourquoi il n’avait pas été élu à l’Académie française, il répondit : « ils ont eu peur de me voir emporter le fauteuil ! » (d’où son surnom, le voleur à la canne-épée)
En juin 1944, ses vers « Les sanglots longs/des violons de l’automne » annoncèrent l’imminence du débarquement des alliés aux résistants français sur radio Londres. (débarquer en vers et contre tous)
Tu peux m'écrire en répondant à ce mail ou me faire un vocal pour me demander un poème ou une dédicace. À la semaine prochaine.