#POGD 62 J'ai les poils

Une poésie par semaine dans ta boite mail

Allons, allons la poésie et le printemps. Il pleut, il mouille c’est la fête à la grenouille. Entre les gouttes : le soleil et ses rayons, cordes d’une guitare ou s’accroche le tissu qui sèche, mouillé encore de la grande lessive.

Celle de l’amour, où le côté bleu de la pastille s’assouplit de sensualité entre les plis et replis de la chair. Ou bien entre les notes de musiques qui glissent sur les bras entre deux rangées de poils dressés et saluant — militaires — la vibration printanière.

Mais de quoi parle-t-on ? Chut, c’est une énigme à lire sur les lèvres, à pincer sur des corps.


Énigme

Pour le plus doux esbat que je puisse choisir,

Souvent, apres disner. craignant qu'il ne m'ennuye,

Je prens le manche en main, je le taste et manie,

Tant qu'il soit en estat de me donner plaisir.

Sur mon lict je me jette, et, sans m'en dessaisir,

Je lestrains de mes bras et sur moi - je l'apuye.

Et. remuant bien fort, d'aise toute ravie,

Entre mille douceurs j'acomplis mon desir.

S'il avient, par malheur, quelquefois qu'il se lasche.

De la main je le dresse, et, derechef, je tasche

A jouir du plaisir d'un si doux maniment :

Ainsi, mon bien aymé, tant que le nerf luy tire.

Me contemple et me plaist, puis de luy, doucement.

Lasse et non assouvie en fin je me retire.

Réponse : Le luth

Héliette de Vivonne, in La muse lascive, Anthologie érotique et pornographique française, éditions José Corti.

Anecdotes & Broutilles

L’anecdote te permet d’aller plus loin, mais pas plus que les pieds du poète qui chausse du 41.

  • Héliette de Vivonne alias Madame de Villeroy (1558-1625), se voit dédicacé par Philippe Desporte Les amours de Cléonice sans qu’on sache s’il était l’amoureux en titre. L’homme, Cyrano avant l’heure est coutumier du fait. Porte-parole des grands de ce monde il chante à la gloire des maîtresses d’Henri d’Anjou ou pleure des oraisons funèbres pour les mignons d’Henri II. (Le client est roi)

  • Le compositeur Philippe Forget a repris en 2003, un poème d’Héliette de Vivonne dans une œuvre sobrement intitulée Quatre chansons érotiques pour voix et piano. On s’en réjouis encore aujourd’hui .(quatre siècles de préliminaires)

  • Avant de me quitter, laissez-moi un message sur mon répondeur où en répondant à cet email. Dites-moi ce que vous aimeriez lire dans les prochaines semaines ou mois.

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