Ce matin j’avais envie d’une chanson. Quelque chose qui se glisse dans ma poitrine et la réchauffe un peu. Deux trois mots chantés qui contiennent doucement ma tristesse, l’emmaillote. Un air qui me permette de me rendormir avec ma peine lovée à côté de moi comme un chaton noir aux yeux bleus.
Alors je partais dans un rêve ou toute ma vie s’expliquait. Une vision qui m’indiquait les joies et les peines. Les rires aussi qui sont les cascades de la vie. De l’eau et du bruit. J’étais dans un supermarché et ma mère me montrait les émotions en promotions. Mais ce n’était pas ma mère, c’était le monde. Le monde entier. Contenu dans une chanson.
Quand je me suis réveillé, la chanson était encore là, présente triste et douce comme une larme sur ma joue. Et à côté de moi, une petite fille jouait à la marelle en riant.
Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon cœur
D’une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure
Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.
Paul Verlaine, poèmes saturniens
Paul Verlaine (1844 - 1896) se retrouve employé à la mairie de Paris après avoir été salarié d’une compagnie d’assurance. Favorable à la commune, il est radié à ce titre de l’administration après 1871 et quitte la fonction publique un matin de janvier sans faire de pot de départ. (Partir un beau matin pour faire des vers sans les boire)
À noter que Paul Verlaine bénéficie de la reconnaissance de ses pairs Léon Bloy « un ange qui se noie dans la boue », Anatole France « richesses pour l’avenir, une promesse de science et d’originalité », Mallarmé, « les Poèmes saturniens ont été forgés dans un métal vierge et neuf ». (tape ta recommandation sur LinkedIn)
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1 comment
Un grand merci pour ce billet d'automne, Thibaux. Le naufrage de Verlaine demeure éternellement neuf. Stéphane