#POGD 47 La mémoire du pardon

Une poésie par semaine dans ta boite mail

Samedi soir ou n’importe quel autre jour. Tu viens d’ouvrir cette newsletter. Mais qu’attends-tu ?

[Ici je te demande de faire une pause et de réfléchir à la question ?]

Tu es de l’autre côté de l’écran, une mer nous sépare, tactile sûrement. Je t’offre un poème chaque semaine, un angle par lequel s’en saisir et une ou deux anecdotes rigolotes. Ces trois parties forment un tout à savoir une sardine avec : sa tête, son corps et sa queue. La partie pour le tout.

Alors je ne sais pas ce que tu attends, mais je sais qui je voudrais être pour toi. Un ami inconnu et fidèle (un peu) qui chaque semaine te rappelle que la vie existe. Parfois avec des mots clairs d’autres fois avec des concepts obscurs. Avec, à main droite une lanterne allumée et à main gauche un kilo de sardine.

La vie oscille ainsi entre lumière et absurdité. L’erreur serait de croire que l’une est plus exigeante que l’autre. Alors que le sens est porté par celui qui marche et qui avance.


Les amis inconnus

Il vous naît un poisson qui se met à tourner
Tout de suite au plus noir d'une lame profonde,
Il vous naît une étoile au-dessus de la tête,
Elle voudrait chanter mais ne peut faire mieux
Que ses sœurs de la nuit, les étoiles muettes.
Il vous naît un oiseau dans la force de l'âge
En plein vol, et cachant votre histoire en son cœur
Puisqu'il n'a que son cri d'oiseau pour la montrer,
Il vole sur les bois, se choisit une branche
Et s'y pose ; on dirait qu'elle est comme les autres.
Où courent-ils ainsi ces lièvres, ces belettes,
Il n'est pas de chasseur encore dans la contrée
Et quelle peur les hante et les fait se hâter,
L'écureuil qui devient feuille et bois dans sa fuite,
La biche et le chevreuil soudain déconcertés ?
Il vous naît un ami et voilà qu'il vous cherche,
Il ne connaîtra pas votre nom ni vos yeux,
Mais il faudra qu'il soit touché comme les autres
Et loge dans son cœur d'étranges battements
Qui lui viennent des jours qu'il n'aura pas vécus.
Et vous que faites-vous, ô visage troublé,
Par ces brusques passants, ces bêtes, ces oiseaux,
Vous qui vous demandez, vous, toujours sans nouvelles :
"Si je croise jamais un des amis lointains
Au mal que je lui fis, vais-je le reconnaître ? "
Pardon pour vous, pardon pour eux, pour le silence
Et les mots inconsidérés
Pour les phrases venant de lèvres inconnues
Qui vous touchent de loin comme balles perdues,
Et pardon pour les fronts qui semblent oublieux.

Juleds Supervielle, Les amis inconnus, Poésie / Gallimard

Anecdotes et Broutilles

L’anecdote te permet d’aller plus loin, mais pas plus que les pieds du poète qui chausse du 41.

  • Jules Supervielle (1884 - 1960) se retrouve orphelin à huit mois ; ses parents meurent d’une ingestion d’eau toxique. Il passe alors son enfance dans les couloirs de la banque de son oncle qui décide l’élever (passer par perte et profit)

  • Membre du 2e bureau (les renseignements), Jules Supervielle intercepte un message de Mata Hari. À la suite cette action, la célèbre espionne est alors arrêtée et exécutée. Le poète reste l’homme qui arrêta la femme la plus redoutable de première guerre mondiale. (attrape moi si tu peux)

  • Avant de quitter cette lettre, laissez-moi un message pour l'hiver sur mon répondeur où en répondant à cet email. Dis-moi ce que tu aimerais lire dans les prochaines semaines ou mois.

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