Il y aurait tant à dire sur Christine de Pizan. Mais d'abord, je crois qu'il faudrait la lire, la lire pour comprendre comment elle s'est retrouvée au milieu de Louise Michel et Simone de Beauvoir (entre autres) sur un quai de la Seine, une soirée pluvieuse de juillet.
La dernière fois que je l'ai aperçue, Christine était en pleine tempête, en proie au désespoir, son mari et capitaine venait de sombrer dans les flots. Elle, désespérée, pensait ne jamais revoir le bonheur.
Et pourtant, Fortune qui l'avait mise là, l'y enleva par un curieux subterfuge. Pour la sauver, elle la transforma en .. Il sera trop rapide et anachronique de déduire des choses de cette nouvelle forme.
Ce qu'il faut retenir, il me semble, c'est d'accepter la grâce d'être touchée et d'accueillir la vie d'où qu'elle vienne aussi surprenante soit elle, comme la poésie,quoi.
Le livre de la mutation de Fortune (extrait)
Et je croyais ne jamais plus
Pouvoir me trouver autre part
Que dans cette mer qui sépare
Joie et Deuil : je pensais passer
Là ma vie, au côté sinistre
Du bonheur qui m'avait bannie,
Me laissant seule et ébahie.
Mais ça n'en est pas resté là :
J'ai depuis bien couru sur terre.
Pour résumer, ma peine était
Si profonde et mes pleurs si grands
Que même Fortune eut pitié
De mes malheurs et m'apporta
Son secours, en bonne maitresse.
Pour me tirer de ma détresse.
Mais ce secours fut très curieux,
Et peut-être plus dangereux.
Brisée à force de pleurer,
Un jour, exténuée, glacée,
Je m'endormis de tout mon long
Vers la fin de l'après-midi.
Alors vint à moi ma maîtresse,
Qui souvent détruit toute joie.
Elle me toucha tout le corps,
Prit chaque membre dans ses mains
Et les mania, je m'en souviens,
Puis s'en alla, me laissant là.
Et, dérivant selon les vagues,
Notre navire s'en alla
Se fracasser contre un rocher.
Je m'éveillai ; et c'est alors
Qu'aussitột, sans erreur possible,
Je me vis toute transmuée :
Je sentais mes membres plus gros
Qu'avant, et la grande détresse
Et la peine où j'étais plongée
Moins puissantes. Je m'auscultai
Moi-même, tout abasourdie.
Fortune donc me prouva qu'elle
M'aimait en me transmuant tel,
Car la terreur et les angoisses
Qui me consumaient entière
Soudainement se transformèrent :
Je me sentis bien plus légère
Qu.auparavant, et mon visage
s'était mué, comme élargi,
Et ma voix me semblait plus grave
Et mon corps plus dur et plus preste.
Mais l'anneau qu'Hyménée avait
Donné m'était tombé du doigt ;
J'en souffris, et comme il se doit,
Car i'y étais très attachée.
Donc je me levai prestement,
Ne paressant plus dans les plaintes
Qui accroissaient ma détresse.
Je m'ébahis de me trouver
Le cœur fort et hardi, et vis
Que j'étais bien devenu homme.
Christine de Pizan, Écrire d'amour Parler de soi, le livre de poche
Anecdotes et broutilles
L’anecdote te permet d’aller plus loin, mais pas plus que les pieds du poète qui chausse du 41.
Christine de Pizan (1364 - 1430) clashe Guillaume de Lorris et Jean de Meung dans son « Livre des épîtres du débat sur le Roman de la Rose ». Elle y dénonce la misogynie et les allusions sexuelles des deux auteurs dans le roman éponyme. (Des épines pour les pines, sur cette formule, j'avoue tu peux te désabonner)
Christine de Pizan est considérée comme la premières « Homme de lettres » (sic) de la littérature française. Elle fait partie des 10 femmes glorifiées dans le tableau Sororité de la cérémonie d'ouverture des jeux olympiques à Paris en 2024. (La poésie est un sport Olympique)
Et voilà, ta lecture ici s'achève, merci de m'avoir lu. Si d'ici la semaine prochaine tu as une autre envie de poésie,dis le moi, je me fierais à ton choix.