Ces derniers jours, certains mots volent bas dans l’air comme les hirondelles avant l’orage : rentrée, fin des vacances, reprise (et je ne parle pas des chaussettes). Ils nous obnubilent, nous remplissent d’obligation avec autant de forces qu’ils nous vident de sens.
Devoir rentrer comme un pied droit dans une chaussure neuve. Tout est fait pour nous faire oublier l’été et ses pieds nus. Car c’est nus que nous sommes le plus heureux. Nu et avec de la poésie.
Alors on s’habillera pour la rentrée (je ne veux pas être condamné pour outrage aux bonnes mœurs) mais on gardera la poésie. On la gardera parce qu’au-delà des mots, elle continuera à raconter de manière égale nos joies et nos souffrances. Compagne exigeante, elle saura à la fois, et nous tendre un miroir et nous tendre les bras.
Christian
parfois il s'en venait de ses doigts maladroits
me chercher dans le noir il poussait ses doigts rudes
maltraités de travail griffés d'égratignures
il venait me chercher pour que je l'aime un peu
alors je l'embrassais ma bouche sur la sienne
déposait les baisers les plus doux je prenais
contre mon corps son corps si lisse et si tranquille
je prenais dans ma bouche ses seins et son sexe
mais bientôt la fatigue vainquait notre étreinte
nous tombions endormis sans que nous ayons pris
jouissance nous tombions au sommeil du monde
où les amants ensemble gisent séparés
pendant six ans il revint dormir près de moi
ensuite il s'éloigna glacial comme une étoile
Anecdotes & Broutilles
L’anecdote te permet d’aller plus loin, mais pas plus que les pieds du poète qui chausse du 41.
William Cliff (1940) a reçu plus de prix de poésie que tu n'en connais. Il est respectivement : prix Goncourt de la poésie 2015, prix Maurice-Carême, prix Roger-Kowalski, grand prix de poésie de l’Académie française, prix Marcel Thiry, grand prix de poésie de la SGD. (La poésie apprit par cœur)
Pour la forme, William Cliff s’attache au poème à 14 syllabes. Un peu comme un tueur pragmatique avec son arme de prédilection. Une forme, simple, robuste et éprouvée. (poésie vers balle)
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