C’est marrant. Une chanson de Gainsbourg, écrite par Nerval, sous le couvert de Dumas. Sans doute, Serge a croisé Gérard un soir de bombance à Saint-Germain-des-Prés. (La mère d’un ami disait après « Saint-Germain plus rien de sera jamais plus comme avant », basique.)
Serge croise donc Gérard et lui pique un texte dans la poche. Il est coutumier du fait, Serge, il pille allégro la musique ancienne et les vieux poèmes — ça s’appelle la culture. Après, ce n’est pas très grave parce que Gérard est déjà mort depuis un siècle. Juste Serge fait revivre le texte en chanson moderne.
Tout ce petit monde échange, vole, se pille, duplique et reprographie. Serge est un maillon de la nuée des poètes qui font vivre la poésie et le langage. Il n’y a pas d’auteur ou d’autrices, il n’y a que des liens.
Cette newsletter existe aussi grâce à ces liens, avec vous lecteurs et lectrices (un peu d’emphase) et aujourd’hui, je pense, à celle qui la première reconnue le goût de la poésie sans même la connaître. Tata Katoche grâce à qui cette newsletter existe. Dédicace à toi, fidèle lectrice de Poésie Grand débutant. Pour toi, j’ai choisi le poète qui chante et celui qui écrit. Ce sont les mêmes. Basique.
(image AI : leonardo.ai)
Allons mon Andalouse
Puisque la nuit jalouse
Étend son ombre aux cieux
Fais à travers son voile
Briller sur moi l'étoile
L'étoile de tes yeux
Allons ma souveraine
Puisque la nuit sereine
Nous prête son secours
Permets que je déploie
Notre échelle de soie
Échelle des amours
Allons mon amoureuse
Puisque la nuit heureuse
Qui sert mes voeux hardis
Du balcon m'a fait maître
Ouvre-moi ta fenêtre
Porte du paradis
Gérard de Nerval in Serge Gainsbourg L'intégrale et Caetera, éditions OMNIA & Bartillat
L’anecdote te permet d’aller plus loin, mais pas plus que les pieds du poète qui chausse du 41.
Imbroglio. Gérard de Nerval (1808 - 1855) travaille comme Ghost writer d’Alexandre Dumas sur le livret de Piquillo, l’opéra-comique d’où est tiré le poème du jour. Les deux hommes ont passé un accord, Gérard ne doit être crédité nulle part. La gloire pour Alexandre. Un siècle plus tard, Serge Gainsbourg exhume cet extrait et le ressuscite en un rock chaloupé. En même temps, en créditant Nerval dans le titre qu’il lui offre, il redonne à César ce qui est à César. (une vraie salade où les poètes sont des croûtons)
Gérard de Nerval, toujours un peu à court d’argent publiait les mêmes textes sous des titres différents. Au même moment, le poète se promenait « légèrement vêtu » dans les rues de Paris par moins 18 degrés sous prétexte que les Lapons ne sont jamais malades. (qu’importe le pantalon pourvu qu’on n’se caille pas les fesses)
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thibaux