Il est six heures au clocher de l’église ou sept, je ne suis pas sûr. Aujourd’hui, mon amour est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. Enfin, c’est un peu dramatique : elle est juste enrhumée. Je le sais parce qu’au téléphone elle m’a dit : « Je be quitte, c’est binis entre nous. »
Techniquement, elle est vivante, mais pour moi elle est morte. Je me sens sens comme le chat de Schrödinger dans sa boite, vivant et mort à la fois.
Je repense à la chanson de Christophe, Les mots bleus, que j’aime tant. Je n’ai plus de mots que des hématomes. Il ne me reste que les yeux pour pleurer et je n’ai plus de mouchoirs, elle est partie avec parce qu’elle était enrhumée.
Écoute, tout mon cœur...
Écoute, tout mon cœur se déchaîne et t’appelle,
C’est fini des pâleurs timides et des cris
Qui restent dans la gorge en pleurs des tourterelles.
C’est fini des mots bleus et des gestes fleuris.
C’est fini de t’aimer en nouant des guirlandes
D’avril sur tes cheveux, en me pendant à toi
Comme un panier de joncs où meurent des lavandes
Quand la lune le soir nous conduit dans les bois.
Cécile Sauvage, in Poèmes de femmes des origines à nos jours, Le cherche midi éditeur
Anecdotes et broutilles
L’anecdote te permet d’aller plus loin, mais pas plus que les pieds du poète qui chausse du 41.
Cécile Sauvage (1883 - 1927) éleva ses deux fils, selon ses propres mots, dans un « univers féerique » à l’inverse d’Harry Potter qui fût élevé chez les Moldus. (Moldus de la fesse pour être précis)
Son mari, mobilisé en 1914, elle emmène ses deux fils à Grenoble. L’ainé, Olivier, met en scène Shakespeare pour son petit frère avec des décors maison en cellophane qu’il colle sur des vitres. Les deux enfants sont par ailleurs très sages. (Le théâtre les tient à carreau)
Tu peux m'écrire en répondant à ce mail ou me faire un vocal pour me demander un poème ou une dédicace. À la semaine prochaine.